Bravons d'ores et déjà les levées de boucliers en passant volontairement sur les paroliers et interprètes, car… c’est à eux que l’on doit la médiocrité de la musique française d’aujourd’hui. Les talents inoubliables d’artistes francophones comme Brel, Gainsbourg, Brassens, etc. ont été des cadeaux empoisonnés pour la musique française. Pourquoi ? Car les textes fabuleux qu’ils ont composés et chantés, tirés d’une culture littéraire forte, ont fait passé la musique au second plan dans notre culture musicale contemporaine, la reléguant au poste d’accompagnement des paroles. Et ça, c'est le drame !
C’est pourquoi un français, qui n’écoute pas un morceau, mais une chanson, va en entendre les paroles et en rester là. C’est aussi pourquoi le français donne une telle importance à la voix du chanteur ou de la chanteuse et pourquoi il voue une telle adoration aux pouffiasses criantes.
Ainsi, pas de morceau instrumental dans les albums produits en France, pas de ligne de basse à tout casser ou de solo de batterie… Et c’est bien sûr nul lorsque la guitare rythmique est au même volume que le micro du chanteur et que « l’on entends pas toutes les paroles »… Pour se conformer à ça, on va faire que ce soir le chanteur qui est le leader du groupe, laissant en arrière des musiciens interchangeables et sans caractère.

Ce phénomène a empêché la naissance de musiciens français, comme ils sont apparut en Angleterre ou aux Etats-Unis. Et qui viendrait contredire cela et affirmer qu’il existe un français meilleur bassiste que Flea, meilleur guitariste que Slash, meilleur batteur que Keith Moon, ou encore meilleur saxophoniste que Lester Young. Malheureusement aucun français n’excelle internationalement, et les quelques uns qui s’illustrent, s’exilent pour exploser.

Ce qui est encore plus dommageable à la culture musicale française, ce n’est pas que nous ne produisions rien, mais c’est qu’aujourd’hui nous produisons de la musique.

Nous produisons, et le résultat est une ignominie auditive. Un rendu insultant, partagé entre la daube commerciale, fruit de stratégies des maisons de prod, et des œuvres digne de gosses de trois ans qui font une aquarelle, confondant leurs pinceaux et leurs doigts en étalant amoureusement la peinture sur une feuille A4. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas de conneries diront certains. Dans le cas présent, rien ce serait quand même préférable...
Le problème est que tout le monde n’est pas aussi pertinent dans l’écriture que Gainsbourg ou Renaud. Et le résultat, fait que l’on garde une instrumentale mise en retrait au profit de textes plats écrit par le premier mauvais qui saisi l’opportunité de vendre sa croute.

Quoi j’exagère ? Je vous renvois à des chefs-d’œuvre de chanteuses francophone qui finissent toute phrase par un prolongement haletant de sa dernière syllabe. Pour ne vexer personne, ne citons personne… puis si, citons, je ne serai pas lu par les protagonistes de toute manière. Il nous est tous arrivé d’entendre des textes qui ressemblaient à ça :

« Je suis le fruit d'une blessure / Le souffle d'un trop long combat / Dans le silence et sans injure / J'ai grandi dans des draps de soie / Je suis née sans éclaboussure / Regardez-moi, rien ne se voit / Je n'en serai jamais trop sure / De vous a moi je ne sais pas » (Si je m’en Sors, J. Zenatti)

« Entre les ombres et le mystère / Glissaient nos corps entrelacés / Quand le ciel perdait ses repères / Naissaient comme des moments sacrés » (Voyage dans l’éternité, H. Ségara) etc.

Ras-le-bol de se cacher derrière la licence poétique pour pondre une merde incompréhensible au seul but de permettre à une chanteuse ayant deux brins de voix – parfois deux jolies brins, il faut l’avouer – de pouvoir crier. Donc là, on a du bon chant, mais avec des paroles de merde et de l’accompagnement musical absent. Pas glorieux…
Mais bon, il existe pire encore ! Comme tout le monde ne peut pas se prétendre criard certifié, alors on va parfois accentuer un texte sans caractère et y mettre une voix fantomatique en prétextant l’illustration d’une démarche d’un artiste persécuté ou engagé. Résultat : des chanteurs suicidaires tels Bio Laid et Farmer, ou des pseudos dénonciateurs qui se prennent pour Renaud, tels Mickey 3D ou Zazie. Toujours pas de musique ici...
Un coup de grâce ? Ok. Alors, toujours à un bon millier d’années lumière de la création musicale, il existe des « artistes » français qui n’ont pas de voix et ne savent pas chanter, et qui écrivent des textes volontairement plats sous l'excuse de la légèreté… Merci aux Renan Luce, Bénabar, De Palmas ou Olivia Ruiz…

La France a développé une culture musicophobe, qui a osé élire « Prendre un enfant par la main » Chanson du XXème siècle en 1988 (quel nombrilisme au passage, la décence aurait au moins voulue que l'on appelle ça Chanson française du siècle ou arnaque qui fait pleurer pour vendre). Triste.
Dans tout cela, les quelques vrais artistes français n’éclosent pas, et ne sont pas reconnus à leur juste valeur, à de quelques rare exception Iziaesques ou Cocoonesque près. Tous n'ayant comme inspiration musicale ce qu'a produit la culture anglo-saxonne.
Et dire que French Radio London passera 80% de musique française…

Guillaume